Cannes, au-delà du festival

Tout le monde connaît Cannes, cette station balnéaire située entre Monaco et Saint-Tropez, protégée du Mistral par le massif de l’Esterel et ses roches “rouges” dues à l’activité volcanique intense qui y eut lieu pendant des millions d’années.

Vue du Massif de l’Esterel

Cannes est internationalement connue pour son Festival International du Film, dont la première édition qui devait avoir lieu du 1er au 20 septembre 1939 fût annulée dès le premier jour en apprenant que l’Allemagne Nazie était en train d’envahir la Pologne. Il faudra attendre 1946 pour que le Festival redémarre.

Mais Cannes c’est autre chose, notamment de par ses deux îles : les îles de Lérins (Sainte-Marguerite et Saint-Honorat). Un miracle de la nature : totalement plates et toutes petites, on en fait le tour en seulement 1 ou 2h de marche, selon que son but soit d’en faire le tour le plus vite possible ou de profiter de chaque vue et de chaque senteur qu’elles peuvent offrir.

I – Cannes « continental »

Cannes est située tout près d’un port antique, fondé par les grecs phocéens au Ve siècle avant Jésus-Christ : Antipolis, que l’on connait aujourd’hui sous le nom d’Antibes. Cette proximité permettra au site de Cannes d’être connu par les marins qui se rendaient au port d’Antipolis, voire d’un autre port grec phocéen, Massalia (aujourd’hui Marseille, d’où son surnom de « Cité Phocéenne » toujours employé aujourd’hui).

Au Moyen-Age, les comtes de Provence cherchent à installer des places fortes, Cannes est un lieu propice puisque de là on peut y observer toute la baie. On construit donc un château en haut de la colline du Suquet. L’abbé de Lérins y fait également construire une grande tour qu’il offre au Comte de Provence. Le cadeau n’est pas désintéressé puisque l’Abbaye de Lérins, situé sur l’île de Saint-Honorat, est sujette aux attaques de pirates, île sur laquelle une tour a également été construite. Le système des deux tours permet à l’une d’alerter l’autre en cas d’attaque, et aux moines d’appeler à l’aide.

Tour du Suquet

Tour de Saint-Honorat


Lorsque Napoléon Ier débarque à Golfe-Juan en 1815 après s’être échappé de son exil sur l’île d’Elbe (en Italie), et commence sa « conquête d’un pays par un seul homme », il bivouaque à Cannes. 

La ville reste un petit port de pêche sans grande importance. Tout change lorsque Lord Henry Brougham, grand chancelier d’Angleterre, découvre le site en 1834. Charmé, il se fait construire une résidence sur la colline de la Croix des Gardes. Toute la haute société anglaise va le suivre et Cannes apparaît alors comme « la ville aristocratique par excellence » (Gabriel Charmes, journaliste du XIXe siècle). Brigitte Bardot est à Saint-Tropez ce que Lord Henry Brougham est à Cannes.

En 1848, c’est la femme du Consul de France à Moscou, Alexandra Feodorovna Skrypitzine, qui tombe amoureuse de Cannes. Elle fait édifier sur la colline de la Californie une villa en 1849, qui sera dénommée - tout simplement - « Villa Alexandra », et elle y entraînera toute l’aristocratie Russe.

Chacun dispose de « sa » colline :

·       la Croix des Gardes, à l’Ouest, aux anglais – que l’on surnommera le « quartier anglais » ;

·       la Californie, à l’Est, aux russes – que l’on surnommera la « petite Russie ».

Le chemin de fer arrive en 1863 – le tracé n’a toujours pas changé ! – et la ville se développe sans cesse depuis.

A l’origine, Cannes est une station d’hiver : là où l’on se rend pour fuir le froid du Nord. Mais Cannes se transforme en station d’été avec l’apparition de la mode des bains de mer et du bronzage au début du XXe siècle. On construit alors en 1929 un casino d’été équipé d’une piscine, mise à l’honneur dans le film « Mélodie en sous-sol » sortie en 1963 avec Jean Gabin et Alain Delon en tête d’affiche.

II – L’île Sainte-Marguerite

Cette île est la plus étendue et la plus proche de la ville de Cannes des deux îles de Lérins.

On ne sait pas d’où vient le nom de « Sainte-Marguerite » : soit il s’agit du nom de la sœur de Saint Honorat (qui donnera son nom à la seconde île de Lérins), soit ce nom a été donné en hommage à Sainte Marguerite, une vierge martyre d’Antioche du début du IVe siècle. La première explication est plus belle : le frère et la sœur réunis à jamais par les eaux turquoise qui bordent les îles portant leurs noms.

Ile Sainte-Marguerite (en premier plan) et île Saint-Honorat (en second plan)

Sur l’île Sainte-Marguerite se trouve une ancienne prison d’Etat qui avait comme « invité » le célèbre « homme au masque de fer ». Non ce n’est pas une légende, il a bel et bien existé, en revanche son identité reste inconnue – un frère jumeau de Louis XIV que ce-dernier aurait enfermé ainsi pour éviter toute contestation à son trône, pour les plus romanesques. L’homme au masque de fer séjournera (pas par choix) sur l’île de 1687 à 1698 où il sera transféré à la prison de la Bastille pour y mourrir en 1703.

Le Roi-Soleil a d’ailleurs séjourné dans l’unique propriété privée de l’île : Grand Jardin. Ses murs d’enceinte ont été construits sur ordre du Cardinal de Richelieu et sa tour de garde date du XIIIe siècle. S’il est possible d’acquérir cette propriété, il est interdit d’en changer le nom, ce sera  toujours « Grand Jardin ».

Vue du ciel de “Grand Jardin”

Tour de garde de “Grand Jardin”

L’île assurait également la défense du territoire français en s’étant dotée, sur ordre du général Bonaparte (futur Napoléon Ier), de deux « fours à boulets », lesquels permettaient de chauffer des boulets de canon à une température pouvant atteindre plus de 1.000 degrés. Malheur au navire qui était heurté par un boulet « rouge », il prenait feu immédiatement.

III – L’île Saint-Honorat

Saint-Honorat est la seconde et la plus petite des îles de Lérins. Elle tient son nom d’Honorat d’Arles, un Saint qui, recherchant la solitude, s’installa sur cette île à la fin du IVe siècle. Contraint par ses disciples qui l’ont suivi, il y fonda un monastère en 410. Les pèlerins devaient faire le tour de l’île pieds nus en signe d’humilité.

Abbaye de Lérins (monastère de Saint-Honorat)

Le monastère perdurera jusqu’en 1788 où il sera fermé, puis confisqué et vendu sous la Révolution.

En 1859, le monastère est rendu au culte et les moines s’y réinstallèrent. L’île entière est la propriétée privée de l’Abbaye de Lérins.

Les moines y produisent des liqueurs, de l’huile d’olive et surtout du vin - 35.000 bouteilles par an (boutique en ligne : https://excellencedelerins.com/fr/). Il est également possible de séjourner dans l’Abbaye pour y faire une retraite.

Loin du tumulte de la ville de Cannes et de son Festival, cette île est un petit paradis : pas de voitures, pas de vélos, pas de poubelles, pas de plages ! Inutile d’amener son maillot de bain, on vient ici pour se promener, se recueillir et se couper du temps qui passe.

L’île dispose également de deux fours à boulets, malheur à ceux qui chercheraient à perturber sa tranquillité.

Tristan CHOPPIN HAUDRY de JANVRY

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